Lectures de Février 2021

 

 Nous nous retrouvons pour un nouveau bilan mensuel ! Les chroniques de certains livres étant déjà parues, vous ne serez pas surpris de les retrouver dans cette liste. Ne prenez pas peur, Mars devrait être moins fourni car j'ai prévu quelques pavés (Changer l'Eau des Fleurs, Le Prieuré de l'Oranger part 1, ...).

 

Salina ▬ Laurent Gaudé

Un court livre qui m'a réconciliée avec les contes. Une plume délicate. J'ai profité de chaque mot, chaque phrase. Le livre est court, mais je l'ai lu lentement tant tout en lui me plait. Mon coup de cœur du mois avec Harleen.

 

L'Alchimiste ▬ Paulo Coelho

 Conte initiatique dont une amie m'a parlé suite à son coup de cœur sur "Tout Le Bleu du Ciel" qui y fait beaucoup référence. En cours, j'avais étudié Candide et non ce livre-ci. Un bon moment de lecture mais je suis restée sur ma fin. Le livre est presque moralisateur et je n'ai pas trouvé ses réflexions aussi profondes que ce à quoi je m'attendais. Une déception. Si on devait le résumer : « Quand on veut arriver, on peut courir en chaise de poste ; mais quand on veut voyager, il faut aller à pied. » de Rousseau.

 

Le Meilleur des Mondes ▬ Aldoux Huxley

Un grand classique du roman dystopique qu'on ne présente plus. Il présente des réflexions intéressantes et on ne peut le dissocier de l'ère de la Révolution Industrielle en le lisant.

Si un avis vous intéresse, retrouvez ma chronique ici.

Point Cardinal  ▬ Léonor de Récondo

Si la question de la transidentité vous intéresse, ne perdez pas votre temps avec ce livre. Encore plus si vous êtes directement concerné. Il est tout ce qu'il peut y avoir de plus cliché lorsqu'on est "ouvert" et "bienveillant" avec les personnes trans sans réellement avoir essayé de comprendre ceux qui l'étaient réellement. Un livre qui aura au moins le mérite de témoigner de la fin de son époque (car il date de 2017 mais fait déjà très désuet tant il suinte de transphobie ordinaire). J'espère qu'il continuera à être publié, mais un peu comme Tintin au Congo et d'autres œuvres dont on a compris les problématiques qu'ils posaient depuis : avec une introduction de remise en contexte et d'avertissement.

Les détails de mon point de vue se retrouvent dans la chronique détaillée, ici.

Le Cas Jack Spark . Saison 3 - Hiver Nucléaire ▬ Victor Dixen

Troisième volume qui trônait depuis longtemps sur ma table de chevet. Le premier tome m'a été offert lors d'un SWAP et j'ai tout de suite accroché ! Si vous cherchez une excellente saga fantastique jeunesse (mais pas niaise), je vous la recommande à 100%. Peu de temps morts, des personnes hauts en couleur, énormément d'imagination, des thèmes matures, tout ce qu'on aime.

Il paraît que Victor Dixen a écrit d'autres œuvres reconnues (Phobos, Animale...), elles sont évidemment dans ma wish-list mais je n'en ai lu aucune pour l'instant.

 

 

 

 L'Elue ▬ Lois Lowry

 

Deuxième volume du quatuor 'Le Passeur'. Il se lit sans connaître le premier volume, on peut même démarrer par lui si l'on souhaite se lancer dans cette saga. Son rythme est plutôt lent et j'avoue m'être parfois ennuyée. Nous nous prenons vite de sympathie pour l'héroïne et certains personnages secondaires attachants. Il reste une bonne lecture. Écrit au début des années 2000, on note la présence d'une héroïne handicapée (qui accepte son handicap et l'assume) !

 

 

Messager ▬ Lois Lowry

 

Un super moment ! Avec de l'action, des personnages attachants et surtout un lien réel qui se fait entre chaque volume de l'ensemble. L'univers imaginé par Lois Lowry prend de l'épaisseur et du sens, tandis qu'elle nous régale d'une histoire plus passionnante que celle de l’Élue. La dernière partie du livre est d'un suspense insoutenable et les pages défilent sous l'avidité du lecteur de connaître la suite. Il n'atteint pas le niveau du Passeur mais je le conseille néanmoins à quiconque souhaite passer un bon moment avec une lecture jeunesse rapide. Attention, la fin est extrêmement rapide, cela peut surprendre.

 

 

Le fils ▬ Lois Lowry

Retour dans l'univers du Passeur. Les connaisseurs auront remarqué que la couverture ci-dessus nous l'indique to-de-go. Sans avoir commencé à lire, elle intrigue et interpelle lorsqu'on se souvient de Jonas et de la manière dont il découvre son Don. On annonce la couleur, si j'ose dire.

Dès les premières pages, une sensation particulière m'a frappée. La même que lorsque je replonge dans un Harry Potter. Celle de retourner dans un univers connu, aimé. Je ne m'étais pas rendue compte d'à quel point la société "utopiste" (mais terrible) du Passeur m'étais familière. Cette communauté "utopique" est bien plus froide et déshumanisante que celle décrite dans Le Meilleur des Mondes. Je la trouve même plus profonde dans les réflexions qu'elle pose sur la question de l'humanité. Mais d'un côté il y a une utopie capitaliste, consumériste. On cherche le rendement et la consommation. L'être humain est usiné et formaté à ces dessins. Il  reste une créature de "passion". Tout ce monde paraît vivant, animal. A l'inverse, l'utopie de Lois Lowry s'assure d'un cadre et de limites physiques (endogène et exogènes) autour d'une société millimétrée, cadrée, où chaque personne n'est définie qu'à travers son âge ou sa fonction (décidée pour elle) où toute passion, tout sentiment, toute pulsion, n'a pas sa place. Uniformisation, catégorisation. 50 bébés par an, par un de plus. A bien y réfléchir, nous avons ici deux idéologies politiques poussées à leur paroxysme, deux visions glaçantes et opposées.

Mais je m'égare, nous ne sommes pas au sein d'un dossier sur les dystopies.

Nous suivons une héroïne au fil des trois parties de ce livre. La première a été pour moi la plus savoureuse. Mais la suite n'est pas en reste, avec de belles rencontres, et un suspense tenace.Je n'en dirais pas plus pour ne pas spoiler, mais certaines questions des volumes précédants trouvent des réponses.

Par contre, la fin est très rapide, comme dans le Messager. Un peu trop, à mon goût, d'autant plus qu'il s'agit du dernier roman de la tétralogie.

 

Culottées ▬ Pénélope Bagieu

On en parle, de cette couverture ? Le turquoise avec des portraits en rouge brillant : j'A-DO-RE. Trop beau.

Nous avons grandi dans un monde dont les modèles sont principalement masculins (et blancs), même si ça tend à évoluer. Dans cette BD, Pénélope Bagieu a retracé l'histoire de 15 femmes fortes qui s'assument et ne font pas de concession malvenues malgré la pression de la société dans laquelle elles vivaient. Au contraire, leur détermination à être elles-mêmes, à se respecter et à (re)connaître leur valeur leur a permis de changer le monde, parfois jusqu'à aujourd'hui. Merci pour la découverte de ces destins forgés, de ces résiliences incroyables ! Les dessins ont en outre un dynamisme et un "flow" saisissant.

Un livre que je conseille, au passage, à la Léonor de Récondo de 2017.

 

Une saison à Hydra  ▬ Elizabeth Jane Howard

Deux éléments m'ont attirée vers ce livre : sa couverture superbe avec ces couleurs contrastées et sa reconnaissance par des libraires puisqu'il apparait dans une sélection d'un coffret Kube et dans les coups de cœur chez Mollat. Il répondait à mon envie de tester un roman plus psychologie alors je me suis lancée ! J'ai été surprise par le style. Si les phrases sont limpides, justes, claires, parfois longues et très bien ponctuées mais pas alambiquées, j'ai souvent perdu le fil en me demandant "mais qui est en train de parler ?". Il faut beaucoup de centration et lire lentement pour rester sur le fil de la narration (précision : mes yeux fatiguent extrêmement vite, c'est d'ailleurs pour ça que j'ai régulièrement arrêté de lire dans ma vie). J'ai apprécié prendre ce temps de savourer la lecture.

Outre le visuel de sa couverture dont j'ai déjà parlé, l'objet livre en tant que tel est très agréable en main, j'ai également apprécié le toucher et l'odorat (oui, ça compte !). "Une saison à Hydra" dans son édition poche a donc le prix "sensualité" de mes lectures de février. Bravo aux Éditions de la Table Ronde (collection Vermillion) !

Harleen ▬ Stjepan Sejic

Repéré sur le blog d'Hauntya il y a plusieurs mois, j'ai enfin pu dévorer ce Comics. Ce n'est pas mon style de lecture habituel, quand bien même ça ne me déplaît pas sur le principe. Pour autant, je ne suis pas aussi fan des univers de supers-héros que certaines amies... Mais là, une œuvre psychologique, où l'on découvre le passé d'un personnage qui est en plus une femme, le tout servi avec de beaux dessins... j'ai été comblée. Chaque page, chaque case était un régal. Une réussite ! Gros coup de coeur (prévisible) pour "Harleen".

L'Anomalie ▬ Hervé le Tellier - avis édité suite à des approfondissements sur l'oeuvre

Déçue de cette lecture dont j'attendais beaucoup, surement trop. Le principe "patchwork" des styles et références est trop présent à mon goût. N'étant pas très cultivée, surtout en littérature, je suis passée à côté de nombreuses références. Sans cet émerveillement sur la forme, on fait plus attention au fond : et là, je reste sur ma fin. L'idée de base est géniale : un bon pavé assumant le côté fantastique/SF et prenant le temps d'approfondir les personnages et situations aurait été un régal.

Retrouvez l'avis complet dans la chronique dédiée.

 

 

Kim Jiyoung, née en 1982 ▬ Cho Nam-Joo

La magnifique couverture m'a interpellée alors que je flânais en librairie. L'histoire de femme coréenne on ne peut plus banale pour mieux dénoncer le sexisme de sa société. Et l'on se rend compte que de nombreuses considérations sont universelles même si leurs expressions diffèrent un peu selon les cultures. Révoltant. Certains passages m'ont été difficile à lire, notamment sur la question vie pro/maternité. J'en avais la boule au ventre de colère sourde. Elle m'est restée un bon moment.

 

Pour Quelques Touches de Passion ▬ Anna Lyra

Une romance historique française, histoire de changer un peu des Highlands et des saisons Londoniennes. Un agréable moment, mais moins de palpitations qu'à l'accoutumée.

Ida (suivi de la Comédie Bourgeoise) ▬ Irène Némirovsky

Deux nouvelles. Deux destins cruels et pourtant si réalistes. La célèbre meneuse de revue de la ville et l'inconnue bourgeoise provinciale. Deux portraits de femmes de la France d'entre deux guerres (l'auteur n'aura tragiquement pas survécu à la deuxième, par ailleurs).

 

Le Problème à Trois Corps ▬ Liu Cixin 

Nous avons ici le premier tome d'une trilogie de hard SF faisant parler d'elle en ce moment. Plusieurs personnes que je suis en ont parlé (Camille Versi, La Geekosophe, ...) et ça m'a donné envie. Je n'ai pas souvenir d'avoir lu de SF en dehors des dystopies alors mon avis sera celui d'un public néophyte et n'ayant pas de recul sur la crédibilité des explications scientifiques.

J'ai adoré ! Certains avis mentionnent la lenteur mais l'alternance des rythmes ne m'a pas dérangée. Le livre est bien construit, avec un fort suspense. Il est intriguant. Même s'il fait partie d'une trilogie, on a suffisamment de réponses dès le tome 1 pour avoir envie de lire la suite sans se sentir frustré. Effectivement, j'ai lu en diagonale l'un des passages trop scientifique pour moi (celui vers la fin). Mais le reste st suffisamment bien réparti dans le roman pour être accessible. Attendez-vous à trouver la suite dans mes futures lectures printanières !

 

L'Annulaire ▬  Yôko Ogawa

Moins de 100 pages pour découvrir la littérature japonaise. Cette lecture m'a rendue perplexe. En fin de compte, tout ce qui est mystérieux reste sans réponse. Certains passages sont étranges, l'ambiance parfois malsaine.  Pourtant, la plume est fine, douce, posée. Chaque mot lu est un plaisir. Il m'a parfois rappelé Mercure d'Amélie Nothomb, en moins cru. Ce que j'en retiens ? Que ce qui compte, c'est le chemin et non la destination. Comme pour l'Alchimiste de Paulo Coelho, mais en ayant passé un meilleur moment.

Un grand merci à la libraire du Pavé dans la Marge à Mérignac pour la découverte de la littérature japonaise (alors que j'étais simplement venue chercher 1984). Deux autres romans d'autres auteurs sont dans ma PAL et j'ai déjà repéré des titres de Yôko Ogawa pour un avenir proche.

Merci si vous êtes arrivés jusqu'au bout de ce bilan mensuel. A très vite !