Le Pouvoir ▬ Naomi Alderman

 

 

" Ce truc n'est plus une crise sanitaire. C'est la nouvelle réalité. "

J'ai été davantage attirée par l'aspect dystopique plutôt que féministe, même si cette caractéristique me plait. Les retours sont globalement positifs mais une partie d'entre eux remontent de la déception. Une fin trop abrupte, trop pessimiste ou cynique. Une morale comme quoi "les femmes ne valent pas mieux que les hommes". Le livre serait une proposition de future : "et si les femmes prenaient le pouvoir ?". Je ne partage pas cette lecture.  Pour moi, l'objectif de ce roman est plutôt de proposer un contexte d'inversion des rôles afin de faciliter la prise de conscience du lecteur de la profondeur du patriarcat. Dès lors, toute la trame y compris dans ses extrémités dessert ce propos de déconstruction. L’œuvre couvre de nombreux sujets, que ce soient dans des rapports individuels ou de groupe, voire de politique mondiale. Ainsi, même une personne sensibilisée pourra trouver matière à nourrir ses réflexions.

Concernant l'histoire en elle-même, nous suivons plusieurs personnages centraux sur une décennie environ. On prend plaisir à découvrir ce qui arriver aux protagonistes, à assister à leurs moments fondateurs puis à découvrir leur évolution. Fait rare, je me suis attachée à chacun d'entre eux sans qu'aucun ne me tape sur les nerfs. Néanmoins, vers la fin du roman, tout s'accélère dans une espèce de feu d'artifice final. On y perd en profondeur et psychologie des personnages.

Du reste, dommage de ne pas avoir assumé un côté "fantasy moderne" car l'aspect scientifique proposé n'est pas du tout convaincant. Tellement pas qu'il n'est mentionné qu'une fois ou deux en dehors de la pincée de pages qui nous l'explique. Mais c'est du chipotage ! La plume est très fluide et agréable.

"Le Pouvoir" a parfaitement rempli sa mission. D'une part il m'a divertie en proposant une histoire de destins entre-mêlés dans un paradigme de SF/Uchronie. D'autre part, il m'aide à contraster mon regard sur certains événements du monde ; ceci est bien plus glaçant.